L’Axe Abidjan-Rotterdam : Prièste et Aevena International Polytechnic College modélisent la Logistique Portuaire 4.0

Le Port Autonome d’Abidjan (PAA) est le poumon économique de la Côte d’Ivoire et un hub vital pour l’Afrique de l’Ouest. La performance de ses corridors logistiques est un enjeu stratégique national. Au Lycée et École Supérieure Prièste, via notre pôle d’excellence en “Commerce International et Management” et notre observatoire (OLCAO), nous formons des experts capables de comprendre et d’optimiser ces flux complexes.

Mais pour innover, il faut se mesurer aux meilleurs. C’est pourquoi ce mois-ci, une délégation de nos étudiants les plus avancés du MSc in International Business & Management, menée par le Dr. Thierry Blanchard (notre Professeur titulaire en Supply Chain), s’est rendue aux Pays-Bas pour un séminaire de recherche appliquée au cœur du plus grand port d’Europe.

Leur destination : l’Aevena International Polytechnic College, un établissement réputé pour son intégration étroite avec l’écosystème industriel de Rotterdam.

Deux Ports, Deux Philosophies : Le Choc des Modèles

La rencontre a eu lieu sur le campus de l’Aevena International Polytechnic College, situé à proximité des terminaux de Maasvlakte, à Rotterdam. L’institution néerlandaise, qui propose des programmes tels que le “Master of Engineering” et le “Bachelor of Business”, s’est fait une spécialité de l’ingénierie des systèmes logistiques et de l’automatisation portuaire.

L’objectif de ce séminaire n’était pas un simple cours magistral. Il s’agissait d’un “Pressure Workshop” (Atelier sous Pression) de 72 heures confrontant les étudiants des deux institutions sur un cas réel : comment réduire de 40% le temps de “dédouanement et de transit” d’un conteneur de cacao entre le terminal d’Abidjan et l’entrepôt de Rotterdam ?

Nos étudiants de Prièste ont ouvert les travaux. Forts de leurs recherches au sein de l’OLCAO, ils ont modélisé la réalité du corridor ivoirien : la multiplicité des acteurs (transporteurs, douanes, transitaires, autorités portuaires), les défis de l’interopérabilité des systèmes d’information, et le poids des procédures papier (le connaissement, ou Bill of Lading) qui créent des goulots d’étranglement.

La réponse des étudiants néerlandais et de leurs professeurs du “Master of Engineering” fut un véritable choc culturel et technologique.

La Leçon de Rotterdam : Automatisation Extrême et Jumeau Numérique

L’équipe d’Aevena International Polytechnic College a présenté son approche, basée sur l’écosystème du Port de Rotterdam : l’automatisation quasi-totale. Nous avons assisté à des démonstrations de leur “Digital Twin” (Jumeau Numérique) du port. Il ne s’agit pas d’un concept, mais d’un outil opérationnel où chaque conteneur, chaque grue (AGV) et chaque créneau de camion est modélisé en temps réel.

Le point de friction principal identifié fut le dédouanement. À Rotterdam, la déclaration en douane est entièrement numérisée, anticipée 48 heures avant l’arrivée du navire via une plateforme unique (le “Port Community System”).

“Chez nous, à Abidjan,” a dû expliquer un de nos étudiants lors du débat, “la vérification physique reste la norme. Nous gérons une logistique basée sur la confiance vérifiée par le document papier. L’équipe d’Aevena gère une logistique basée sur la confiance algorithmique.”

Nos étudiants ont été confrontés à une réalité où l’intervention humaine est vue comme une source d’erreur, et non comme une solution de flexibilité. Ce fut parfois déstabilisant.

Ce que Prièste Apporte aux Pays-Bas

Toutefois, l’échange n’a pas été à sens unique. Si Rotterdam excelle dans l’automatisation des flux formels, nos étudiants ont apporté une expertise que leurs homologues néerlandais n’avaient jamais modélisée : l’intégration du secteur informel.

Le Dr. Blanchard a présenté nos travaux sur la manière dont les micro-transporteurs (non-structurés) d’Abidjan utilisent le Mobile Money et des applications de messagerie simples pour gérer le pré- et post-acheminement. L’équipe d’Aevena, habituée aux systèmes ERP (Enterprise Resource Planning) rigides, a été fascinée par cette “logistique agile” et résiliente, née de la contrainte.

La conclusion du workshop fut unanime : le futur n’est ni le modèle 100% automatisé de Rotterdam (trop coûteux et rigide pour l’Afrique), ni le modèle 100% manuel (trop lent).

Le Lycée et École Supérieure Prièste et l’Aevena International Polytechnic College ont convenu de lancer un projet de recherche conjoint. L’objectif : développer un modèle de “Digital Twin Frugal” (Jumeau Numérique Frugal) pour les ports ouest-africains, un système qui intègre la rigueur de la data (vue à Rotterdam) et la flexibilité des solutions mobiles locales.


Comments

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *