La Tech qui parle Nouchi : Prièste déploie son IA vocale pour l’inclusion financière à Abidjan

Dans un écosystème technologique abidjanais en pleine ébullition, l’innovation ne se mesure pas seulement à la complexité du code, mais à sa capacité à résoudre des problèmes réels. Ce mois de mai 2024 marque une étape décisive pour nos laboratoires de recherche. Le Lycée et École Supérieure Prièste, via une collaboration inédite entre son Pôle d’IA (PAD-Lab) et son Studio de Design Inclusif (SDI), annonce la finalisation de la phase alpha de son projet “Voix de Confiance”.

L’objectif : développer une interface utilisateur vocale (VUI) permettant l’accès aux services de micro-finance (consultation de solde, transferts, demandes de micro-crédit) pour les populations non-alphabétisées ou plus à l’aise dans les langues locales que dans le français écrit.

Le Défi : Quand le “Numérique pour Tous” Oublie Ceux qui ne Lisent Pas

À Abidjan, le téléphone mobile est omniprésent. Pourtant, la transformation digitale, notamment dans la FinTech, se heurte à un mur : la barrière de la langue et de l’alphabétisation. Comment interagir avec une application bancaire quand on ne peut pas lire les instructions ?

“Nous avons constaté que la plupart des solutions d’IA vocale existantes sont entraînées sur des corpus de français standard, d’anglais ou de mandarin. Elles ne comprennent ni les intonations, ni le vocabulaire spécifique, ni même le nouchi (l’argot ivoirien) ou les langues locales comme le Dioula ou le Baoulé”, explique le Dr. Aminata Diop, responsable de notre PAD-Lab.

L’Innovation Prièste : Bâtir une IA qui Écoute Vraiment

Plutôt que d’adapter des outils existants, nos équipes ont pris le problème à la racine. Pendant près de dix-huit mois, des étudiants de nos programmes MSc in Computer Science, encadrés par le Dr. Diop, ont mené un travail de terrain intensif pour constituer un corpus linguistique unique.

“Ce n’était pas glamour. C’était des heures d’enregistrement dans les marchés de Yopougon et d’Adjamé, en partenariat avec des associations de micro-entrepreneurs,” sourit le Dr. Diop. “Nous avons collecté et annoté manuellement des milliers d’heures de conversations transactionnelles en dioula, baoulé et nouchi. C’est ce corpus qui est le véritable trésor.”

Grâce à ces données, notre modèle d’IA (basé sur une architecture de type transformer) atteint désormais un taux de compréhension de plus de 90% sur des requêtes transactionnelles spécifiques, là où les API standards échouaient lamentablement.

Plus que la Voix : Le Design de la Confiance

Mais la technologie ne fait pas tout. Une IA qui comprend, c’est bien. Une IA en qui l’on a confiance, c’est mieux. C’est là que le Studio de Design Inclusif (SDI), dirigé par le Dr. Eva-Marie Bamba, est intervenu.

“La confiance est le cœur du problème”, affirme le Dr. Bamba. “Pour un commerçant du secteur informel, une erreur de transaction peut être catastrophique. Si l’interface est intimidante, elle ne sera pas utilisée.”

Les étudiants du Bachelor en Design Numérique ont donc travaillé sur une interface “zéro texte”. Ils ont développé une iconographie intuitive, validée sur le terrain, et un système de “feedback” audio. Par exemple, une transaction réussie n’est pas signalée par un message écrit, mais par un son distinctif et rassurant, et une confirmation vocale claire dans la langue de l’utilisateur. Les premiers prototypes étaient confus ; les utilisateurs hésitaient. Ce n’est qu’après six itérations de tests utilisateurs que l’équipe a trouvé le bon équilibre entre simplicité et sécurité.

De la Théorie à la Pratique : Le Lycée en Observation

Ce projet incarne parfaitement notre vision d’un écosystème intégré. Il a été piloté par nos MSc (IA) et nos Bachelors (Design), mais il a aussi servi de cas d’étude pour nos élèves du Lycée. Les élèves de Terminale en spécialité NSI (Numérique et Sciences Informatiques) ont pu assister aux démonstrations de l’alpha-test, voyant concrètement comment les algorithmes qu’ils étudient en classe peuvent avoir un impact direct sur la société.

La phase alpha étant validée, “Voix de Confiance” entre désormais en phase de pilote. Des discussions sont en cours avec une institution de micro-finance ivoirienne de premier plan pour un déploiement test auprès d’un échantillon de 500 utilisateurs avant la fin de l’année.

Chez Prièste, nous ne nous contentons pas de former des techniciens ou des managers. Nous formons des architectes de solutions, conscients que la technologie la plus avancée est celle qui ne laisse personne de côté.


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